samedi 10 août 2013

La résorption odontoclastique féline

Comme précisé antérieurement, cet article abordera la nécessité d'extraire des dents sur un chat lors de "résorption odontoclastique féline", pathologie très fréquente chez le chat domestique, généralement associée à de la douleur, dont l'étiologie reste inconnue.

Dans ces cas, les traitements conservateurs sont très rarement suffisants, dans une majeure partie des cas, une surveillance radiologique est nécessaire au long terme, et l'extraction des dents concernées reste le traitement de choix d'une telle affection.

Qu'est-ce que c'est ?

Cette affection est maintenant appelé plus communément résorption dentaire,et se caractérise par une perte progressive de substance généralement à la hauteur du collet de la dent de l'animal.


La lésion de départ n'est pas forcément visible, elle peut être masquée par la gencive de l'animal ... Ce qui explique pourquoi il faut quasi systématiquement envisager des radiographies des mâchoires de votre chat.

 
Résorption dentaire: lésion initiale                             Résorption dentaire: évolution

Les résorptions dentaires uniques ou isolées sont rencontrées chez les chiens ou l'homme. Les formes multiples y sont plus rares. Les résorptions dentaires sont généralement multiples chez le chat, le nombre de dents touchées étant âge-dépendant.
En fonction des études, et de la façon dont la pathologie est diagnostiquée, la prévalence (nombre de chats touchés dans une population donnée, généralement exprimée en pourcentage) est estimée de 28 à 67 %.
Aucune étiologie précise n'a pu être mise en évidence. On considère qu'en moyenne 30% des chats domestiques sont concernés.

Qu'est-ce que cela engendre pour mon animal ?

Le symptôme prédominant est la douleur. Parfois difficile à mettre en évidence, elle peut s'exprimer uniquement par une attitude différente, une position anormale au moment de la mastication, une plainte par intermittence au moment des repas, une attitude de rejet sur l'aliment, une asthénie, une position anormale lors du repos ...

L'examen clinique et/ou radiographique permettra d'évaluer l'étendue des lésions, et de proposer un traitement par la suite, dans un premier temps pour gérer la douleur, puis par la suite envisager une extraction dentaire. 

Le Diagnostic

Il repose sur l'examen clinique:
  • Visuel
  • Tactile
  • Radiographique
Ces deux derniers examens étant bien sûrs réalisés sous anesthésie.

La radiographie permet d'évaluer les lésions des racines présentes dans 80% des cas et non décelables par les autres examens.
Les racines représentant en fait la majeure partie de la dent: la partie visible est comme la partie émergée d'un iceberg: 



Il faut envisager soit une radiographie intra-orale chez un spécialiste, comme chez le dentiste, ou 4 clichés classiques, un par demi-mâchoire. Ces clichés sont réalisés sous anesthésie générale.

 
Disparition de la dent                                                    Dent fantôme


Le Traitement

Il n'y a pas de traitement dentaire conservateur satisfaisant à l'heure actuelle. Une résorption dentaire ne se traite pas comme une carie.
Le traitement proposé dépendra du statut inflammatoire et aura pour objectif le contrôle de la douleur de votre chat.

L'extraction dentaire sera majoritairement privilégiée, pour plusieurs raisons:
  • les résorptions dentaires sont des lésions évolutives,
  • leur origine est inconnue,
  • la douleur est sûrement, malheureusement, souvent sous-évaluée,
  • le contrôle clinique à court et moyen terme est difficile.
L'extraction des dents concernées doit être correctement préparée: radiographies pré-opératoires, chirurgie d’extraction la plus atraumatique possible, gestion de la douleur en péri et post opératoire.

L'amputation coronaire peut être proposée, dans certains cas, et nécessitera un suivi radiographique régulier, afin de suivre l'évolution de la pathologie.

Le traitement conservateur concernera encore moins de cas, dont le suivi radiographique sera tout aussi important, et nécessitera systématiquement une anesthésie de l'animal.

Conclusion

Ces lésions sont fréquentes, leur origine est inconnue (à l'heure actuelle), aucune mesure préventive ne peut être recommandée, elles sont évolutives, le chat fait généralement des résorptions multiples,  la douleur est quasi systématique (mais son expression est vraiment chat et lésions dépendante).
La radiographie est obligatoire pour poser le diagnostic, la majorité des lésions n'étant décelable que par ce biais.
Le traitement de choix reste l'extraction des dents concernées.



Article réalisé d'après un article du Dr Nicolas Girard,
praticien spécialiste en dentisterie vétérinaire à La Gaude (06),
Veterinary Focus, 2009